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Experts en détournements de standards intemporels, les Frenchy’s proposent des mélodies réarrangées et délibérément francisées en vue de leur donner une couleur particulière, une facture déterritorialisée.
Le classique de Billy Strayhorn devient donc, Tu Prends Le RER, et la référence à Duke Ellington est ici tout sauf gratuite tant le jazz des Frenchy’s tire son inspiration aussi bien de la tradition américaine que de la chanson à texte française, avec une aspiration à l’universalité qui suscite une alternance bienvenue entre song book américain et titres du patrimoine français comme Que Reste-t-Il De Nos Amours ?
La sympathie connue de Charles Trenet pour le jazz illustre d’ailleurs à merveille l’esthétique particulière des Frenchy’s, et l’enchainement avec Essa Moça Ta Diferente une bossa-nova qui devient pour l’occasion Éteins La Télé est un véritable bonheur.
Le texte des chansons est l’occasion pour Marie-Laure Célisse, qui signe la plupart des adaptations, de restituer une part importante de son vécu de femme, avec en toile de fond, toutes les interrogations inhérentes à la volonté d’être prise au sérieux sans abdiquer son sens de l’humour, diriger sa propre formation tout en conservant sa sensibilité féminine, faire face aux atteintes de la vie sans imiter le comportement de personnes sacrifiant tout à la réussite. Marilyn Monroe disait que les femmes désirant seulement l’égalité manquent singulièrement d’imagination, et la chanteuse en est la preuve éclatante, elle qui multiplie les clins d’œil appuyés en direction des musiciens et du public, soulignant d’évidence combien sa trajectoire se veut affirmation d’une vocation, tout en restant intimement liée aux rencontres, à une sociabilité qui met en valeur des attaches affectives fondamentales,
loin de tout narcissisme d’artiste égocentrique.